Cartographie complète, usages, statuts, positions et jeux d'acteurs autour de la problématique de l'assèchement
Le Marais Poitevin est un territoire à forte densité d'acteurs, reflet de sa complexité institutionnelle, de sa richesse écologique et de la diversité des usages qui s'y exercent. La problématique de l'assèchement cristallise des intérêts divergents et révèle des rapports de force structurants.
Cette analyse propose une cartographie exhaustive des acteurs, précisant pour chacun :
Classification en 5 grandes catégories selon leur nature et leur rôle
Rôle : Régulation, planification, financement, arbitrage
Nombre : ~20 structures principales
Exemples :
Rôle : Production, emploi, valorisation ressources
Nombre : ~10 000 acteurs individuels/structures
Exemples :
Rôle : Défense environnement, alerte, contre-pouvoir
Nombre : ~30 associations actives
Exemples :
Rôle : Gestion technique de l'eau et des niveaux
Nombre : ~15 structures
Exemples :
Rôle : Recherche, expertise, conseil, médiation
Nombre : ~10 institutions principales
Exemples :
Analyse complète de chaque acteur majeur : usages, statuts, positions
| Acteur | Catégorie | Usages du territoire | Statut fiscal/social | Position assèchement | Pouvoir |
|---|---|---|---|---|---|
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État (Préfectures)
3 préfectures concernées |
Public | Régulation, police de l'eau, arbitrage arrêtés sécheresse | Administration d'État | ⚖️ Neutre (arbitrage) | Très élevé |
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Régions (Nouvelle-Aquitaine & Pays de la Loire)
Compétences développement économique |
Public | Financement projets, aménagement du territoire, formation | Collectivité territoriale | ⚖️ Neutre (financement équilibré) | Élevé |
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Départements (85, 17, 79)
Compétences solidarités |
Public | Routes, collèges, solidarités, financement | Collectivité territoriale | ⚖️ Variable selon département | Élevé |
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PNR Marais Poitevin
Syndicat mixte, 93 communes |
Public | Protection patrimoine, développement durable, animation | Syndicat mixte (EPCI) | 🚫 Contre assèchement (préservation zones humides) | Moyen |
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EPTB Sèvre Niortaise
Établissement Public Territorial de Bassin |
Public | Gestion quantitative eau, prévention inondations, SAGE | Établissement public | 🚫 Contre assèchement (gestion équilibrée eau) | Élevé |
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Agence de l'Eau Loire-Bretagne
Établissement public de l'État |
Public | Financement travaux eau, redevances prélèvements | Établissement public | 🚫 Contre assèchement (atteinte DCE) | Très élevé (financier) |
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Agriculteurs - Élevage extensif
~1 500 exploitations |
Économique | Élevage bovin, prairies humides (35 000 ha), fenaison | Exploitant agricole (MSA), régime micro-BA ou réel | 🟡 Nuancé (besoin prairies inondables, mais rentabilité faible) | Moyen |
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Agriculteurs - Grandes cultures irriguées
~800 exploitations |
Économique | Maïs irrigué, céréales (15 000 ha irrigués), prélèvements eau | Exploitant agricole (MSA), régime réel | ✅ Pour assèchement/drainage (besoin terres drainées, irrigation) | Élevé (poids économique) |
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Agriculteurs - Maraîchage
~200 exploitations |
Économique | Mojhette AOC, légumes, irrigation (5 000 ha) | Exploitant agricole (MSA) | 🟡 Nuancé (besoin irrigation, mais qualité sols humides) | Faible |
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Chambres d'Agriculture
3 chambres départementales |
Économique | Conseil agriculteurs, représentation, études techniques | Établissement public consulaire | 🟡 Nuancé (défend agriculture, mais aussi adaptation) | Élevé (représentation) |
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FNSEA
Syndicat agricole majoritaire |
Économique | Défense des intérêts agricoles, négociation | Association loi 1901 | ✅ Favorable maintien irrigation, opposé restrictions excessives | Très élevé (politique) |
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Confédération Paysanne
Syndicat agricole minoritaire |
Économique | Défense agriculture paysanne, circuits courts | Association loi 1901 | 🚫 Contre intensification, pour préservation zones humides | Faible (minoritaire) |
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Bateliers professionnels
~80 bateliers |
Économique | Navigation touristique, barques traditionnelles | Artisan/Micro-entreprise (RSI devenu SSI) | 🚫 Totalement contre assèchement (activité dépendante niveaux eau) | Faible (atomisé) |
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Hébergeurs touristiques
~500 structures |
Économique | Hôtels, gîtes, chambres d'hôtes, campings | Entreprise individuelle/Société (régime BIC) | 🚫 Contre assèchement (attractivité « Venise Verte ») | Moyen (collectif) |
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Offices de Tourisme
~15 offices |
Économique | Promotion touristique, information visiteurs | EPIC (Établissement Public Industriel et Commercial) | 🚫 Contre assèchement (perte d'attractivité) | Moyen |
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Conchyliculteurs
~350 producteurs |
Économique | Élevage huîtres/moules en aval (Baie Aiguillon) | Exploitant agricole (MSA) ou artisan | 🚫 Totalement contre (qualité eau dépend du marais) | Élevé (poids économique littoral) |
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Comité Régional Conchyliculture
Organisation professionnelle |
Économique | Représentation conchyliculteurs, défense intérêts | Établissement public | 🚫 Très mobilisé contre pollution et assèchement | Élevé |
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LPO (Ligue Protection Oiseaux)
Association nationale, antenne locale |
Association | Observation ornithologique, sensibilisation, études scientifiques | Association loi 1901, reconnue d'utilité publique | 🚫 Totalement contre assèchement (habitat oiseaux) | Élevé (légitimité scientifique) |
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France Nature Environnement
Fédération associations |
Association | Défense environnement, actions en justice, lobbying | Association loi 1901, reconnue d'utilité publique | 🚫 Contre assèchement et pratiques intensives | Élevé (juridique) |
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Eaux et Rivières de Vendée
Association locale |
Association | Protection qualité eau, dénonciation pollutions agricoles | Association loi 1901 | 🚫 Très actif contre irrigation excessive et pollution | Moyen (local) |
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Conservatoire Espaces Naturels
Association gestionnaire |
Association | Acquisition/gestion espaces naturels, restauration écologique | Association loi 1901 | 🚫 Contre assèchement, pour restauration zones humides | Moyen (foncier) |
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Syndicats de Marais
11 syndicats |
Gestionnaire eau | Gestion hydraulique locale, vannes, entretien canaux | Syndicat mixte | 🟡 Partagé (historiquement pro-drainage, mais contraintes environnementales) | Élevé (technique) |
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ASA (Associations Syndicales Autorisées)
Plusieurs dizaines |
Gestionnaire eau | Gestion hydraulique proximité, entretien fossés | Établissement public administratif | ✅ Historiquement pro-drainage (intérêt propriétaires) | Faible (local) |
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OUGC (Organisme Unique Gestion Collective)
Structure de coordination irrigation |
Gestionnaire eau | Répartition volumes irrigation entre irrigants | Association loi 1901 | ✅ Défend besoins irrigation, négocie volumes | Moyen |
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Universités (La Rochelle, Poitiers, Nantes)
Laboratoires de recherche |
Expert | Recherche scientifique, formation, expertise | Établissement public enseignement supérieur | ⚖️ Neutre scientifique (documentation enjeux) | Moyen (expertise) |
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INRAE
Institut recherche agronomique |
Expert | Recherche agriculture durable, adaptation climatique | Établissement public recherche | ⚖️ Neutre scientifique (propose solutions adaptatives) | Moyen |
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Bureaux d'études environnement
Biotope, Egis, etc. |
Expert | Études d'impact, inventaires écologiques, conseil | Sociétés privées (SARL, SAS) | ⚖️ Neutre (prestataires) | Faible |
Analyse stratégique selon le modèle de Mitchell (pouvoir, légitimité, urgence)
Positions anti-assèchement, intérêt élevé
Positions pro-drainage, pouvoir élevé
Positions variables, pouvoir très élevé
Tourisme, conchyliculture
État, Agence de l'Eau, FNSEA : Ces acteurs cumulent pouvoir décisionnel et intérêt direct. Ils sont incontournables dans toute négociation. Stratégie : co-construction, dialogue permanent, compromis.
PNR, LPO, Conchyliculteurs : Intérêt très élevé mais pouvoir limité. Stratégie : mobiliser leur légitimité technique/scientifique, faire alliance, amplifier leur voix.
Irrigants, Syndicats de marais, ASA : Pouvoir technique et politique, intérêt pour drainage. Stratégie : négociation, compensation, proposer alternatives (irrigation économe, diversification).
Éleveurs extensifs, Tourisme, Associations locales : Intérêt pour préservation mais faible pouvoir. Stratégie : renforcer capacités, formation, structuration collective.
Analyse des stratégies, ressources mobilisées et rapports de force
Les acteurs du Marais Poitevin ne se contentent pas de positions figées : ils développent des stratégies, mobilisent des ressources (économiques, politiques, symboliques, scientifiques), et s'engagent dans des jeux de pouvoir pour influencer la décision publique.
Acteurs : Scientifiques, bureaux d'études, PNR, LPO
Ressource mobilisée : Légitimité scientifique, données chiffrées
Stratégie : Produire des études pour objectiver les enjeux et influencer la décision par la preuve scientifique
Exemple : Études sur la dégradation des habitats d'oiseaux, rapports sur la qualité de l'eau
Acteurs : FNE, associations locales, État
Ressource mobilisée : Droit de l'environnement, contentieux administratif
Stratégie : Recours juridiques contre arrêtés de sécheresse jugés trop laxistes, contre autorisations de prélèvements
Exemple : Contentieux sur les volumes autorisés d'irrigation, annulations d'arrêtés préfectoraux
Acteurs : Agriculteurs irrigants, FNSEA, Chambres d'agriculture
Ressource mobilisée : Poids économique (emplois, PIB local), dépendance du territoire
Stratégie : Mettre en avant la viabilité économique des exploitations et le risque de désertification rurale
Exemple : Chiffrage des pertes agricoles en cas de restrictions d'irrigation, menaces de délocalisation
Acteurs : Tous acteurs (selon moments)
Ressource mobilisée : Médias locaux/nationaux, réseaux sociaux
Stratégie : Publiciser les conflits pour faire pression sur décideurs publics
Exemple : Reportages TV sur le marais "qui meurt" (LPO), sur agriculteurs "étranglés" par restrictions (FNSEA)
Acteurs : PNR, EPTB, État, acteurs volontaires
Ressource mobilisée : Légitimité procédurale, reconnaissance des parties prenantes
Stratégie : Créer des espaces de dialogue (CLE, comités de pilotage) pour rechercher compromis
Exemple : Commission Locale de l'Eau du SAGE, Conseil Scientifique du PNR
Acteurs : Associations radicales, agriculteurs en colère
Ressource mobilisée : Capacité de mobilisation, actions directes
Stratégie : Bloquer des infrastructures, manifester, pour forcer l'ouverture de négociations
Exemple : Blocages de vannes par associations (maintien niveaux), blocages de routes par agriculteurs
| Acteur | Ressources économiques | Ressources politiques | Ressources symboliques | Ressources scientifiques |
|---|---|---|---|---|
| État | Budget public | ✅✅✅ Pouvoir réglementaire, police administrative | Légitimité institutionnelle | Services déconcentrés (DREAL, DDT) |
| Agence de l'Eau | ✅✅✅ Capacité financement (400M€/an) | Influence via conditionnalité aides | Légitimité environnementale | Expertise technique hydrologie |
| FNSEA | ✅ Représente 350M€ agriculture | ✅✅✅ Poids électoral, relais politiques | Défense du "monde paysan" | Chambres d'agriculture |
| LPO | Budget associatif (limité) | Reconnaissance utilité publique | ✅✅✅ Légitimité scientifique/morale | ✅✅✅ Ornithologues, inventaires faune |
| PNR | Budget 3M€/an | ✅ Syndicat mixte (93 communes) | ✅✅ Label PNR, reconnaissance UNESCO | Conseil scientifique |
| Irrigants | ✅✅ 15 000 ha cultures à haute valeur | Relais FNSEA, élus locaux agriculteurs | Défense "souveraineté alimentaire" | Appui Chambres agriculture |
| Conchyliculteurs | ✅✅ 50M€ chiffre d'affaires | CRC (établissement public) | Patrimoine gastronomique | Ifremer (qualité eau) |
| Bateliers | ✅ 40M€ tourisme lié à l'eau | Faible (atomisés) | ✅✅ Image "Venise Verte" | Faible |
Rapport de force : Acteurs agricoles (FNSEA, irrigants) en position de force.
Politique publique : Soutien à l'intensification, financement drainage.
Opposition : Associations environnementales émergentes, peu écoutées.
Tournant : Directive Cadre sur l'Eau (2000), classement PNR (1979 renouvelé), Natura 2000.
Nouveaux acteurs : LPO, FNE gagnent en légitimité scientifique et juridique.
Tensions : Premiers contentieux sur prélèvements d'eau.
Rapport de force : Blocage, affrontements médiatiques et juridiques.
État : Position ambivalente (arbitrage difficile entre économie et environnement).
Évolution : Sécheresses répétées (2017, 2019) renforcent position associations.
Nouveau contexte : Réchauffement climatique incontestable, pression européenne (DCE, Biodiversité).
Stratégie État : Promeut "dialogue territorial", PTGE (Projets Territoriaux Gestion de l'Eau).
Acteurs : Recherche de solutions gagnant-gagnant (irrigation économe, diversification cultures).
Persistance : Oppositions structurelles non résolues.
Visualisation des coalitions, oppositions et zones de tension
Le territoire du Marais Poitevin est structuré par deux coalitions principales antagonistes, avec des acteurs intermédiaires cherchant à jouer un rôle de médiation ou d'arbitrage.
Acteurs principaux :
Discours partagé :
Ressources : Poids économique, relais politiques, capacité mobilisation
Stratégie : Lobbying auprès des élus, pression médiatique lors des sécheresses
Acteurs principaux :
Discours partagé :
Ressources : Légitimité scientifique, droit de l'environnement, soutien opinion publique
Stratégie : Contentieux juridiques, études scientifiques, sensibilisation grand public
Position : Arbitre officiel, mais en position inconfortable.
Dilemme : Doit appliquer DCE (contre surconsommation) tout en évitant conflits sociaux.
Stratégie : Arrêtés sécheresse progressifs, promotion du dialogue (PTGE).
Position : Gestionnaire technique, penche vers préservation environnementale.
Rôle : Anime le SAGE, cherche compromis entre usages.
Difficulté : Doit composer avec collèges agricoles au sein de la CLE.
Position : Expertise neutre, mais données penchent vers urgence environnementale.
Rôle : Produire connaissances pour éclairer décision.
Utilisation : Sollicités par les deux coalitions (chacune sélectionne études favorables).
Position : Favorable préservation (logique DCE), mais finance aussi acteurs agricoles.
Levier : Conditionnalité des aides (finance MAE, restauration zones humides, mais aussi irrigation économe).
Stratégie : Incitation financière pour pratiques durables.
| Conflit | Acteurs opposés | Objet du conflit | Enjeu | État actuel |
|---|---|---|---|---|
| Volumes d'irrigation | Agriculteurs irrigants ↔️ Associations environnementales | Quantité d'eau autorisée pour irrigation (volumes prélevables) | Survie économique exploitations vs préservation débit écologique | 🔴 Conflit aigu |
| Arrêtés sécheresse | FNSEA ↔️ Préfectures ↔️ LPO | Calendrier et seuils de restrictions | FNSEA dénonce restrictions trop précoces, LPO dénonce laxisme | 🔴 Conflit récurrent (été) |
| Pollution nitrates | Conchyliculteurs + Eaux et Rivières ↔️ Agriculteurs | Qualité de l'eau en sortie de marais (Baie Aiguillon) | Survie conchyliculture vs pratiques agricoles intensives | 🟡 Conflit latent |
| Gestion niveaux d'eau | Bateliers + PNR ↔️ Syndicats marais ↔️ Agriculteurs | Hauteur d'eau dans conches (marais mouillé) | Navigabilité vs drainage terres agricoles | 🟡 Tensions locales |
| Retenues d'eau (bassines) | Irrigants + FNSEA ↔️ Collectifs anti-bassines | Construction retenues de substitution | Sécurisation irrigation vs privatisation eau, impact zones humides | 🔴 Conflit très dur (actions physiques) |
| Zonages réglementaires | Agriculteurs ↔️ État + PNR | Contraintes liées Natura 2000, PNR, zones humides | Liberté d'exploiter vs protection biodiversité | 🟢 Conflit institutionnalisé |
Points clés pour la consultation territoriale
Le territoire est structurellement polarisé entre deux visions du développement : agricole-productiviste vs environnementale-patrimoniale. Cette polarisation n'est pas conjoncturelle mais ancrée dans l'histoire (assèchement progressif depuis XVIIe) et dans des intérêts économiques divergents.
Les acteurs agricoles disposent d'un pouvoir politique et économique élevé (poids électoral, emplois, PIB), tandis que les acteurs environnementaux mobilisent la légitimité scientifique et juridique. L'État est en position d'arbitre contraint, pris entre obligations réglementaires européennes et pression socio-économique locale.
Les conflits se jouent dans plusieurs arènes : politique (lobbying), juridique (contentieux), médiatique (communication), technique (SAGE, CLE), et même physique (blocages). Cette judiciarisation croissante révèle l'échec du dialogue traditionnel.
Les acteurs censés jouer un rôle de médiation (PNR, EPTB) sont en position fragile : leur légitimité est contestée par les acteurs radicaux, et ils manquent de pouvoir de contrainte. L'État lui-même peine à imposer un arbitrage.
Le changement climatique modifie progressivement les rapports de force : les sécheresses répétées (2022, 2023) renforcent la position des acteurs environnementaux et imposent une réduction objective de la ressource en eau disponible. Cela crée une fenêtre d'opportunité pour repenser le modèle.
Il n'y a pas d'homogénéité au sein de chaque catégorie : parmi les agriculteurs, les éleveurs extensifs et les irrigants ont des intérêts divergents. Parmi les acteurs publics, les communes ont des positions variables selon leur profil (rural agricole vs touristique).
Ne pas opposer frontalement les deux coalitions, mais chercher à fragmenter les positions en identifiant des sous-groupes d'intérêt susceptibles de compromis (ex : agriculteurs bio, éleveurs extensifs, tourisme durable).
Investir dans des études scientifiques partagées (co-financées, co-pilotées) pour objectiver les enjeux et limiter la contestation des données. Créer un comité scientifique multi-partenarial.
Les instances classiques (CLE, comités de pilotage) sont perçues comme bloquées. Expérimenter de nouvelles formes de concertation : ateliers participatifs, jurys citoyens, visites croisées (agriculteurs visitant réserves naturelles et vice-versa).
Proposer des compensations financières et des incitations positives (MAE renforcées, aides à la diversification, soutien au tourisme durable) pour encourager l'évolution des pratiques sans imposer uniquement des contraintes.
Proposer des trajectoires progressives (ex : réduction progressive des volumes d'irrigation sur 10 ans) plutôt que des ruptures brutales, pour permettre aux acteurs économiques de s'adapter.
Développer une démarche prospective collective (scénarios 2050) pour sortir des conflits conjoncturels et se projeter dans l'avenir du territoire face au changement climatique. Cela permet de dépasser les clivages en se focalisant sur un avenir commun.
L'État doit assumer pleinement son rôle de garant de l'intérêt général et ne pas craindre d'imposer des arbitrages fondés sur le droit (DCE, biodiversité). Cela nécessite un soutien politique au niveau national.
L'absence de perspective de compromis peut conduire à une radicalisation des positions (blocages, violence, désobéissance civile). Les exemples de conflits autour des "bassines" dans les départements voisins montrent ce risque.
Le territoire ne dispose pas d'un temps infini pour négocier : la dégradation écologique est rapide, et le changement climatique accélère les tensions. Il faut agir maintenant.
Une concertation sera rejetée si elle est perçue comme un simple "faire-valoir" ou si les décisions sont déjà prises. Il faut garantir une réelle capacité d'influence des participants et une transparence totale du processus.
« Le Marais Poitevin est à la croisée des chemins. Soit les acteurs parviennent à co-construire une vision partagée d'un territoire résilient face au changement climatique, soit le territoire s'enfoncera dans des conflits paralysants et assistera impuissant à sa dégradation progressive. »